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Au Vatican, le "cavaliere" du pape.

Berlusconi : "priorité attribuée par le gouvernement italien, dans son action sur le plan interne et international, aux valeurs de liberté et de tolérance et à la sacralité de la personne humaine et de la famille "

Gentilshommes et saint siège : "L’action du gouvernement ne peut que satisfaire le pape et son église"

ROMA - Il est arrivé en avance, il a fait antichambre, quelques plaisanteries, il a baisé l’anneau deux fois. A l’entrée et à la sortie. Le Président du Conseil italien a été hier (vendredi 6 juin 2008, NdT) au Vatican chez le pape. La convocation officielle était arrivée il y a juste huit jours, quand Benoît XVI lui avait fait une notable ouverture de crédit en déclarant à l’assemblée des évêques italiens : « En Italie - avait dit le pape - il y a un nouveau climat politique ». Ajoutant aussitôt la liste des requêtes : des sous pour les écoles catholiques, des aides pour les familles, réexamen de la loi sur l’avortement et tour de vis à la loi 40 sur la fécondation assistée, déjà coercitive. Le catalogue est revenu, ponctuel, à la rencontre d’hier matin, de façon plus nuancée dans les déclarations de Benoît XVI, plus nette pendant la rencontre successive avec le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone. Dans les deux colloques - à peine une demi-heure chacun- Berlusconi était exceptionnellement accompagné par Gianni Letta, nommé récemment « gentilhomme du pape », qui a cependant limité son hommage à une révérence sans baisemain.

Dans les communiqués officiels, le compte-rendu est inversé. Selon Palazzo Chigi, on a surtout parlé de questions internationales, comme il est d’usage dans les rencontres entre chefs d’Etat et de gouvernement. Et prévalence donc à « la situation au Liban, l’état du processus de paix au Moyen-Orient et les rapports avec la Chine et la Russie » outre une « attention particulière à l’urgence alimentaire ». « Conversations longues et très cordiales » assure Palazzo Chigi, qui ont « confirmé la particulière syntonie entre les orientations de l’Italie et les objectifs moraux et religieux de l’Eglise catholique dans le monde ». Donc selon la version de Berlusconi, les questions de politique nationale, c’est-à -dire les requêtes du pape, auraient été traitées après seulement : pour le cavaliere il s’est agi de l’examen de « questions bilatérales entre Italie et Saint siège ». Pour Palazzo Chigi « une forte communauté de vues a été constatée avec satisfaction. Le Président Berlusconi a confirmé au saint père la priorité attribuée par le gouvernement italien, dans son action sur le plan interne et international, aux valeurs de liberté et de tolérance et à la sacralité de la personne humaine et de la famille ».

Pour la note du Vatican, les choses ont eu lieu de façon exactement opposée. Le pape aussi a le plaisir de noter que la collaboration entre l’Italie et le Vatican est « constructive » et qu’il y a « la volonté de continuer » ainsi. Mais pour l’Oltretevere (« au-delà du Tibre », où est le Vatican par rapport aux sièges du pouvoir séculier, NdT), on a surtout parlé, dans les colloques « cordiaux », de « thèmes qui concernent la situation italienne et la contribution de l’Eglise au pays ». Il n’est même pas utile d’expliquer quels sont ces sujets, souligne la note du Vatican. Il s’agit des questions sur lesquelles « le saint père s’est récemment arrêté dans son discours à l’assemblée plénière de la conférence épiscopale italienne ». Le catalogue, donc, était et reste celui-là . Pour le Vatican, c’est ensuite seulement qu’ « il y a eu enfin un examen des aspects du cadre international actuel ». Priorité donc à l’école et à la famille.

Non que ceci représentât un problème pour Berlusconi. C’est justement lui qui, le 2 juin dernier (fête nationale italienne, NdT) avait déclaré que « la parité scolaire doit se faire ». La requête du Vatican est précise. «  Dans un Etat démocratique - avait dit le pape aux évêques italiens pour que le gouvernement entende - ne semble pas se justifier l’exclusion d’un soutien adéquat à l’engagement des institutions ecclésiastiques dans le domaine scolaire ». La question, répétée hier, est que pour le Vatican les écoles catholiques, reconnues, doivent être insérées pleinement dans le circuit de l’école publique, en recevant donc les mêmes financements. La requête successive est la reconnaissance du « quotient familial », cheval de bataille de l’UDC (démocrates-chrétiens) de Casini à qui Berlusconi ne veut concéder aucune prééminence dans ses rapports avec les hiérarchies ecclésiastiques. Il s’agit en fait d’un fisc régulé sur la famille et non pas sur les citoyens individuels. Famille qui inspirerait aussi les deux dernière prières du Vatican au cavaliere : une « révision » à la loi 194 en insistant sur les aspects de la prévention, et l’effacement immédiat des lignes directrices sur la loi 40 introduites par le gouvernement Prodi : qui autorisent au moins le diagnostic pré implantation dans la fécondation médicalement assistée. Il s’agit de requêtes destinées à être exaucées : le gouvernement a déjà dit qu’il le fera.

Et hier Berlusconi, avant même de rencontrer le pape, l’avait promis : « L’action du gouvernement ne peut que satisfaire le pape et son église ».

Edition de samedi 7 juin 2008 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/07-Giugno-2008/art23.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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